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petits bonheurs et gros tracas en milieu urbain
26 décembre 2005

L'écologie amoureuse : intimité et tendresse.

"Ouvrir sa propre intimité à son partenaire - et réciproquement, accueillir la vie intérieure de l'autre -, c'est en même temps donner et recevoir. Le choix de l'intimité, la volonté d'être vrai. Les gens pourtant ont peur d'être authentiques car ils craignent de laisser paraître leurs faiblesses et du coup, d'être moins "aimés", voire abandonnés. Pourtant, quiconque connaît un amour authentique sait que la qualité essentielle de l'intimité, c'est l'humilité et la tolérance. [...]

Il existe également des obstacles à l'intimité psychique. [L'un d'eux] relève de la peur de s'abandonner. Dans notre culture, et principalement chez l'homme, se relâcher revient à se rendre vulnérable et à n'être plus digne de sa virilité et de son statut. [...] Le danger suprême qui nous dissuade de nous abandonner, c'est la peur d'être abandonné. [...]

Un autre obstacle majeur à l'intimité psychique est une mauvaise communication. Il nous faut donc apprendre à communiquer, en commençant par apprendre à écouter : entendons ce qu'on nous dit sans déformer ni tamiser ! [...] C'est alors qu'il convient d'éviter le "tu" qui tue l'autre.[...] Trop souvent les projections sont des déjections ! Ce qu'on déteste chez l'autre, c'est ce qu'on n'aime pas en soi et dont on se débarasse en le rejetant sur l'autre. Ce comportement revient à fuir ses responsabilités. Les règles d'une bonne communication nous enseignent que c'est en utilisant le "je", en se responsabilisant, en exprimant son ressenti, que l'on se situe dans un vrai dialogue, et non plus dans une partie de ping-pong verbal.

Ainsi un couple doit-il parvenir à gérer ses crises et ses conflits. Ecouter, ne pas parler sur l'autre, mais de soi, ne pas projeter sa propre ombre, ne pas refiler ses vilains costumes, accepter sa part de responsabilité et se remettre en cause. Voilà les secrets d'une communication harmonieuse. [...]
Il faut encore citer parmi les ennemis de l'intimité, l'usure du temps, la banalisation de la relation, le quotidien, la monotonie de la répétition... tous ces processus signifient que le couple est en perte de ferveur.

Des illusions à l'amour véritable

Une fois écrite la brûlante page de la découverte, chacun redevient soi-même, et c'est une cascade de désillusions, de déceptions pour chacun. C'est que, dans les premiers temps de la rencontre, il y avait beaucoup de faux-semblants qui s'immisçaient entre les partenaires.

Le premier mirage vient de l'idéalisation : on rêve l'autre, on projette sur son visage ses propres fantasmes. Et inversement, on va tout faire pour renvoyer à l'autre l'image de ce qu'il désire voir en nous, quitte à porter un masque, à s'inventer un personnage. Les partenaires jouent un jeu factice, et l'intimité devient une intimité de fantasme.
Deuxième mirage : l'identification. "Je suis toi, tu es moi", chacun s'efforce de se rendre semblable à l'autre. C'est une erreur, car chacun est différent.
Troisième déformation : la fusion absolue, qui prive chacun de son autonomie, voire de son existence propre.

Ces mirages, la vie commune au quotidien finit par les dissiper. Et chacun apparaît tel qu'il est, avec sa vraie personnalité, ses différences et son besoin d'autonomie. Une crise s'ensuit qui, bien gérée, devrait déboucher sur une nouvelle relation. Alors le couple va pouvoir accéder à l'amour véritable, à l'intimité vraie. Pour cela, il devra sortir des trois processus de l'idéalisation, de l'identification et de la fusion. Ce qui revient à accepter l'autre tel qu'il est, avec ses différences, à s'affirmer soi-même dans sa vraie personnalité, et à savoir redevenir autonome. La perte de la fusion, plutôt qu'un drame, est une chance de renaissance. L'apprentissage de l'autonomie se fonde sur cette certitude que ce que l'on fait "pour soi", ne se fait pas contre l'autre. Être à la fois solidaire et solitaire. Cela sous-entend une maturité affective : je te choisis non comme un pansement, car j'ai pansé moi-même mes blessures ; je te choisis comme un supplément de vie et d'âme.

En définitive, la meilleure manière d'aimer consiste à sortir du besoin lancinant d'être aimé. Notre vie ne doit pas être une quête de mendiant où l'on s'épuise à courir après l'amour et l'Autre. Le véritable amour ne peut-être qu'un don, jamais l'attente angoissée d'un autre qui saura enfin m'aimer à ma place !
Aimer dans la tendresse, c'est entrer dans une relation authentique avec l'autre. Qu'est-ce qui fait perdurer un couple ? C'est la relation dans la tendresse, être bien à se parler, à s'écouter.
Après le temps mythique de l'état de grâce des débuts, vient le temps de la vérité, où chacun, dépassant son ego, non sans effort mais porté par les vertus de la tendresse, construira une relation enrichissante et solide."

Extraits du texte de Gérard Leleu dans "Le Grand Livre de la Tendresse" - Textes rassemblés par Gérald Pagès (Albin-Michel)

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Commentaires
C
Merci beaucoup pour ces mots qui tombent à pic pour moi et qui permettent de prendre un peu de hauteur !!!<br /> Je viens de découvrir ce blog et je pense revenir souvent vérifier que l'eau du bocal est changée régulièrement !<br /> A bientôt<br /> C.<br /> http://ccommeca.canalblog.com
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